Histoire de Guipry-Messac : texte écrit par Pierre LEBRETON, historien

A l’époque néolithique (3500-4000 ans avant J.C.), les peuplades qui habitent notre région, cultivent le blé et élèvent les bovins. Pour honorer leurs morts, elles érigent, non loin des bords de la rivière connue aujourd’hui sous le nom de Vilaine, de nombreux monuments mégalithiques, dont seuls subsistent le menhir des Grées (Messac) et l’alignement des Chevaleries (Guipry).

Les Celtes occupent ensuite le pays (700-500 ans avant notre ère). Les Namnètes s’installent sur la rive gauche de la rivière, les Coriosolites sur la rive droite. Les éperons barrés du Châtellier (Messac) et de Baron (Guipry) ont, semble-t-il, été occupés par ces populations qui travaillaient le fer.

L’arrivée des gallo-romains (56 avant J.C.) provoque sans doute des heurts, mais rapidement la paix s’installe. Une paix de près de 3 siècles qui favorise la mise en place de nombreuses exploitations agricoles (villae), dont une des plus anciennes paraît avoir été celle des Friches (Sud de l’étang de Baron). Sa datation remonte, en effet, à la fin du ler siècle de notre ère. Des voies de communication sont aussi aménagées : la voie romaine Angers/Carhaix, qui franchit la Vilaine au Pont-Neuf, et celle de Nantes à Corseul en portent témoignage.

C’est de cette époque que date la création du Port de Messac (Le Portu Mezac cité plus tard en 1089). Ce port, installé sur les deux rives de la Vilaine, aurait sans doute connu un développement rapide si les envahisseurs germains, aux IVème et Vème siècles, n’avaient freiné son essor.

L’émigration des Bretons, au VIème siècle, est plus pacifique. Ces hommes, venus de Grande-Bretagne, prennent possession de la rive droite de la Vilaine et fondent le plou de Guipry (Wicbry). Soucieux de conserver de bonnes relations avec la population locale, ils conservent le nom du Port de Messac.

Les Francs qui occupent la rive gauche de la rivière, c’est-à-dire le pays des Namnètes et des Riedones, ne tardent pas à entrer en conflit avec ce peuple venu d’Outre-Manche. Ce conflit dure près de trois siècles pendant lesquels les cités de Messac et de Guipry se défient.

En 578, au Pont-Neuf, un combat oppose les troupes de Chilpéric, roi des Francs, à celles de Waroch, chef breton de la région vannetaise. Les Francs sont battus.

En 843, près de Messac, Erispoë, fils du Grand-Nominoë, est accroché par les troupes franco-nantaises du comte Rainald. Il se replie en hâte du côté de Guipry, attend des renforts et se lance à la poursuite de ses ennemis. Il les surprend quelques jours plus tard et les anéantit près de Blain.

En 851, à Jengland, près du Grand-Fougeray, la victoire d’Erispoë sur Charles le Chauve, roi des Francs, venant après celle de Nominoë à Ballon, près de Bains-sur-Oust, en 845, assure aux Bretons les frontières provinciales que nous connaissons encore aujourd’hui.

Les incursions des Vikings perturbent bien quelque temps le pays mais, ce danger écarté, les populations se mettent au travail et tirent vite profit de leur situation privilégiée. La Vilaine n’est-elle pas, en effet, une voie de communication par excellence.

Messacdessin

Au Moyen Age, le Port de Guipry-Messac connaît un essor important, grâce au commerce du sel en particulier. Les bateaux, tirés par les haleurs et chargés de ce précieux produit, remontent la Vilaine jusqu’à ce Port considéré comme le terminus de la navigation sur la rivière. Le sel (sel gris de Guérande) est déchargé sur place et emmagasiné dans les salorges des négociants locaux. Il est ensuite vendu à des marchands de sel (sauniers), qui le distribuent aux habitants de la région, ou acheminé, sous contrôle, sur les greniers à sel des provinces limitrophes de la Bretagne, où se pratique la gabelle.

Cet « impôt infernal », ainsi qu’il est appelé, exaspère les habitants de ces provinces et favorise la mise en place d’un trafic clandestin du sel, qui fait le bonheur et aussi le malheur des faux sauniers. Ainsi s’explique la présence d’une caserne de gabelous (gendarmes du sel) au Port de Guipry, dont les missions sont de surveiller les chemins des sauniers et de faire appliquer la réglementation sur le commerce du sel.

Au XVlème siècle, des écluses ont été construites au port et en amont du Port de Guipry-Messac. Désormais les bateaux peuvent remonter jusqu’au Port Saint-Yves de Rennes. Ils s’arrêtent moins à Guipry-Messac. Le commerce commence à y décliner. Mais ce déclin n’est vraiment manifeste que quelques années avant la Révolution. Il est dû surtout à la ruine du Pont à péage, consécutive à la crue extraordinaire de 1772.

A la fin du XVIIIème siècle, les États de Bretagne font réaliser d’importants travaux pour améliorer la navigation en Vilaine. En 1784, 300 soldats du Régiment de Penthièvre y participent, au Port même, pour creuser le canal d’accès à l’écluse, et, à la Corbinière, pour aménager le chemin de halage. La construction de l’écluse de Mâlon est terminée en 1788, la reconstruction de celle du Port en 1796.

Le XIXème siècle voit la réalisation de grands travaux. Un nouveau pont (à péage pendant presque 23 ans) est construit au Port et mis en service en 1837. La ligne de chemin de fer Rennes-Redon se met en place à partir de 1858. C’est à cette date, en effet, que débutent les travaux du viaduc de la Corbinière. La fin du siècle programme et réalise la construction de la cale du Port. Cette cale est indispensable. Le chemin de fer et la batellerie ne se concurrencent pas. Chaque année, 800 bateaux en moyenne s’arrêtent en ce lieu ou y transitent.

Il n’en va plus de même au siècle suivant. Après la guerre 39-45, la concurrence des transports routiers se fait sentir. Le trafic de la batellerie stagne d’abord, puis décline vite et disparaît dans les années 1970.

C’est sans doute une mauvaise passe pour le Port considéré comme le centre de vie du pays. Il a déjà connu cette situation par le passé, mais il semble que cette fois, il s’agisse d’un vrai coup de massue, alors que dans le même temps, plusieurs entreprises locales ferment leurs portes devant la difficile conjoncture économique du moment.

Les municipalités d’alors n’y peuvent rien. Aujourd’hui, celles qui sont en place, encouragées par leurs associations intercommunales, mettent tout en œuvre pour que nos deux fières cités retrouvent leur dynamisme d’antan.

« Réalisons d’abord l’union de nos deux communes. » Tel est le message transmis et entendu.

C’est aujourd’hui chose faite. Au 1er janvier 2016, la nouvelle commune a vu le jour.

Souhaitons-lui longue vie. Que la belle histoire de Guipry et de Messac continue longtemps…longtemps.

Vive GUIPRY – MESSAC

 

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